Hypocrites! Ils s’avançaient dans la rue en
Hypocrites!
Ils s’avançaient dans la rue en criant « Hypocrites, hypocrites », tant leur
pesait le poids des « soldats du monde », qui prônaient la paix et l’amour du
prochain mais avaient les mains pleines de sang… Eux, seraient des soldats de
Dieu entiers et sincères…
Que s’avancent parmi eux d’autres gens sincères, mais qui ne seraient pas «
soldats » de Dieu, et ils crieraient « Hypocrites, hypocrites », lorsque
ceux-là crieraient « Ils ne savent pas ce qu’ils font », car les premiers parlent
par l’esprit, ou avec un cœur pour leurs proches blessés, tués, piétinés, et
les seconds par le cœur, ouvert à tous. Mais c’est parce que les premiers ont
été aigris, aigris par la vie ! C’est plus facile pour les seconds !
Savoir une chose par
l’esprit ne fait pas de nous un être conscient. Lorsque le cœur ne bat plus, la
conscience est endormie. Qui n’a jamais commis un acte qu’il a eu du mal à se
pardonner lui-même ? Au moment où il l’a commis, était-il vraiment le même ?
Qu’est-ce qui est différent avant et après, sinon qu’après, le cœur s’est remis
à parler ? Bien-sûr, « il n’aurait jamais dû cesser de battre », et nous
devrions tous travailler en ce sens… Mais qui peut se faire juge d’une vie,
sans en connaître les moindres détails, qui peut dire qu’à la place d’un autre,
il aurait mieux fait, et encore pouvoir se regarder dans une glace ?
Pouvons-nous retrouver
notre humanité si nous ne semons pas l’espoir, si nous ne sommes pas capables
de voir la chance que nous avons de ne pas être nés sous les bombes, à crier
famine, d’avoir des abris, des institutions, d’avoir de l’eau, d’avoir des yeux
pour voir, des oreilles pour entendre, des pieds pour marcher, une bouche pour
parler, un ordinateur pour correspondre, des ami(e)s avec qui discuter, d’avoir
la capacité de penser, d’écrire, de composer, de rêver, de danser. Que
faisons-nous de tout cela, que faisons nous lorsque nous nous faisons juges des
autres ?
Quarkenciel